Depuis janvier, l’Institut français de Bukavu a fermé ses portes. Cette fermeture due à la situation sécuritaire précaire dans la région du Kivu impacte significativement les activités artistiques dans la ville.
Les acteurs culturels qui considèrent ce lieu comme un espace de croissance artistique, intellectuelle et financière se retrouvent contraints de chercher d’autres moyens pour survivre et continuer à créer.
« Tout est tombé à l’eau », regrette J’Ador Viscash, artiste chanteur et peintre. Lui qui bénéficiait du hall de l’Institut français pour ses expositions, notamment dans le cadre du projet « Mwendo Polepole ».
Incertain quant à la poursuite de ses activités cette année, J’Ador Viscash ignore quel avenir réservé à son projet : « Déjà on était en pleine exposition. Malheureusement les portes ont été fermées. Les tableaux sont restés en souffrances et l’expo n’a pas continué », témoigne-t-il.
Il révèle que la fermeture de l’Institut Français a freiné d’autres projets musicaux en perspective. Sur le côté artistique, soutient-il, c’est un recul, un blocage, parce que pour le moment, il n’y a pas d’espace d’expression.
Cette situation a également un impact significatif sur les finances des artistes. En effet, l’arrêt des événements et des projets accompagnés par cette institution prive de nombreux créateurs d’une source essentielle de revenus.
« Nous sommes touchés négativement, le côté financier aussi. Beaucoup des projets et propositions des artistes étaient accompagnés par l’institut français. Aujourd’hui on se rend compte que les artistes peuvent avoir à proposer, mais ce cadre qui est fermé impacte sur le côté scénique. Pas de répétition, pas des séances de résidences », dit J’Ador Viscash, d’une voix chagrinée.
Poecrate Célestin, poète et utilisateur régulier de la médiathèque de l’Institut français pour sa documentation, déplore la perte d’un lieu vital pour la création, de réseautage et un cadre d’instruction individuelle : « pour moi, c’est la perte d’un espace essentiel sachant qu’il offrait un cadre de lecture et instruction ».
Annie Asifiwe, participante active aux programmes culturels organisés par l’institut français appréciait la rencontre entre public et artistes. Les acteurs de l’art en provenance de quelques pays nourrissaient sa curiosité culturelle par les rencontres et partages de cultures.
Elle souligne l’importance des échanges qu’il favorisait: « les spectacles permettaient qu’il y ait la divergence culturelle, des personnes venues du Kenya, du Rwanda et un peu partout. Facilement avec l’institut français, on pouvait cohabiter avec eux et apprendre plus, mais on est limité et je proposerai sa réouverture ».
La fermeture de l’Institut Français de Bukavu a créé un véritable vide dans le paysage artistique local, affectant non seulement la création et la diffusion des œuvres, mais aussi la survie financière et le développement intellectuel des artistes. Des recommandent une collaboration renforcée entre l’Institut français de Bukavu et les centres culturels locaux afin de maintenir la dynamique artistique et accompagner les artistes par un soutien financier.
Contactés, les animateurs de l’Institut Français de Bukavu se sont réservés de tout commentaire.